Diaporama - Répartition et choix des protéines sur les repas de la journée
Modifié le 28/07/2022
Professeur Yves BOIRIE, Chef du service de nutrition clinique, CHU Gabriel Montpied – Clermont-Ferrand.
Le vieillissement est caractérisé par le changement de nombreuses fonctions biologiques pouvant gravement altérer la qualité de vie des personnes âgées. Parmi les altérations liées au processus de sénescence, la fonte musculaire, encore appelée sarcopénie, correspond à une perte de la masse, de la qualité et de la force des muscles squelettiques. Les conséquences de cette fonte musculaire sont multiples (faiblesse, fatigabilité, risque accru de chutes et de fractures, perte d’autonomie) et contribuent au surcoût de dépenses de santé associé à la surmorbidité de cette population. Il est donc important de comprendre les mécanismes à l’origine de la perte musculaire qui accompagne le vieillissement afin d’élaborer des stratégies nutritionnelles visant à ralentir l’évolution vers la dépendance et la perte d’autonomie.
Le maintien de la masse protéique corporelle est sous l’influence permanente de deux mécanismes à l’équilibre chez l’adulte, la synthèse (anabolisme) et la dégradation (catabolisme) des protéines du muscle. Ces deux composantes du métabolisme protéique dépendent de nombreux facteurs comme l’apport nutritionnel, notamment en protéines et en énergie, les différentes régulations hormonales ou encore l’exercice physique. La synthèse des protéines exige des apports adéquats en acides aminés, qu’ils proviennent de l’alimentation ou de leur recyclage à la suite de la protéolyse et une réponse appropriée de l’insuline. Elle nécessite également un substrat énergétique suffisant et elle pourra être ralentie par un déficit énergétique chronique. La signalisation intracellulaire qui va déclencher l’anabolisme constitue un troisième facteur important de la synthèse protéique.
Malgré l’abondance des travaux et des hypothèses dans ce domaine, les mécanismes de la sarcopénie restent encore mal connus. Comme évoqué précédemment, la diminution de la masse de protéines musculaires est obligatoirement consécutive à un déséquilibre entre protéolyse et protéosynthèse. Les études chez l’homme ont montré une diminution progressive de la synthèse des protéines musculaires, y compris des protéines de l’appareil contractile et des mitochondries, avec l’avancée en âge. Des travaux sur la question, émerge l’idée que le vieillissement s’accompagne d’une moindre réponse anabolique à la prise alimentaire plutôt qu’une perturbation basale du renouvellement protéique. À jeun, le bilan protéique est négatif en raison d’un niveau de synthèse inférieur à celui de la protéolyse. À l’inverse, le bilan protéique postprandial est positif avec une synthèse protéique augmentée et un catabolisme diminué lors de la prise d’aliments, notamment lorsqu’ils sont riches en protéines chez l’adulte jeune. La capacité de réponse de la synthèse protéique à différents facteurs nutritionnels, notamment les protéines alimentaires ou l’administration orale d’acides aminés, est altérée au cours du vieillissement. De la même façon au-delà des perturbations du métabolisme glucidique, une insulinorésistance du métabolisme des protéines, c’est-à-dire une moindre réponse anabolique, a été démontrée chez les sujets âgés par rapport à des sujets jeunes. En d’autres termes, le muscle du sujet âgé serait plus “résistant” à l’action des facteurs anaboliques pour des apports protéiques normaux et encore davantage lorsque les ingesta protéiques se réduisent.
A partir de ces travaux, plusieurs stratégies visant à contrecarrer le phénomène de résistance anabolique ont été proposées : 1) augmenter les apports protéiques, 2) ajouter des acides aminés essentiels pour stimuler la synthèse, 3) augmenter l’efficacité des apports protéiques - en jouant sur la distribution journalière des protéines ou sur la vitesse de digestion protéique, 4) en combinant l’apport protéique à d’autres composés nutritionnels susceptibles d’amplifier la réponse anabolique (vitamine D, AGPI, antioxydants) ou en associant cet apport avec une activité physique de type résistance de préférence.